v SonoRezé - Groupes de discussion

Remerciements

L'équipe SonoRezé souhaite remercier chaleureusement tous les participants aux groupes de discussion, qui en livrant leur ressenti sans retenue ont permis d’établir un premier diagnostic sensible des environnements sonores à l’échelle d’une collectivité !

Diagnostic des environnements sonores

Les entretiens de groupe ont permis de dresser un diagnostic discursif de l'environnement sonore de la ville de Rezé, mettant en évidence (1) la diversité des sources sonores entendues sur le territoire, mais aussi (2) la diversité des perceptions et (3) l'importance des différentes temporalités qui composent les environnements sonores de la ville.


1/ Une diversité de sources sonores

Deux sources sonores ont été au cœur de la discussion et ont fait l'objet d'un consensus, à savoir le trafic routier et le trafic aérien, illustrant les préoccupations des habitants d'une ville traversée par un important trafic pendulaire et sous un couloir aérien d'un aéroport situé à moins de 5 km.

«Moi je me souviens d’un… matin à la fin de l’été là… euh donc moi je dors fenêtre fermée hein, c’est pas possible sinon… et quand même fenêtre fermée j’ai eu une dizaine d’avions qui ont décollé entre 6h et 7h du matin, mais c’était infernal quoi.»

«J'ai vraiment l'impression que maintenant, peut-être encore plus au sud du périphérique, il y a du trafic tout le temps ! Tout le temps ! A toute heure de la journée... et puis le matin, c'est incroyable [...] Et c'est des camions, des camions, des camions.»


D'autres sources sonores perçues négativement, qui peuvent sembler plus anecdotiques mais qui constituent des mélanges sonores urbains, ont également été mentionnées, telles que les récipients en verre, les couvercles de stades ou de bouches d'égout.

«J’ai été témoin un jour, place du 8 mai; les personnes mettaient dans le réceptacle pour le verre, une horreur. Je n’avais pas l’application pour mesurer le bruit, mais vraiment c’était une horreur.»


Les entretiens avec les groupes de discussion ont également permis de dresser le portrait d'une ville dotée d'environnements sonores de qualité, animée par des espaces verts et des zones résidentielles préservées. Ainsi, des sources telles que les parcs (cités comme lieu plutôt que comme source sonore), la musique ou les oiseaux ont été citées.

«Après y a 3 parcs là-bas, je sais pas si vous connaissez le coin, et… qui sont plutôt agréables, et si je dois prendre un des parcs y a un square qui est derrière les immeubles, donc assez protégé de tout ce qui est bruit routier, passage… et quand on est là-bas, on a pas l’impression d’être en ville.»



2/ Une diversité de perceptions

Un lien fort entre les perceptions exprimées par les habitants, leur cadre de vie et leur expérience sonore est apparu dans leurs commentaires. Les environnements sonores perçus prennent ainsi une dimension individuelle, ce qui conduit à un manque de consensus sur certaines sources sonores, comme les stades ou les cafés.

«Et je trouve que les rues sont très agréables, quand je suis sur ma terrasse j’entends les enfants dans la cour de récréation rue Salengro. C’est quelque chose qui me rassure, c’est vivant en même temps […] effectivement J’adore ce quartier là.»


Enfin, le discours sur l'environnement sonore s'est accompagné d'une dimension psychologique, connue de la littérature et largement reconnue et exprimée par les habitants. Ceci est particulièrement vrai lorsque la discussion porte sur la mobilité ou le bruit des avions.

«Le bruit est très fortement lié à la psychologie de l'association du bruit. Personnellement, il y a un gros problème avec les avions, ce n'est pas seulement le bruit, c'est une étape suivante, je pense ok le problème avec les avions c'est le conflit entre la société moderne qui dit il faut protéger la planète, prendre l'avion moins souvent, le CO2 et puis on voit le trafic augmenter. Et quand je pense après, tous les citoyens de Nantes qui disent ok il faut réduire le CO2, et puis ils prennent l'avion le week-end pour aller au Portugal boire un verre avec des amis. Ce n'est pas cohérent pour moi, et peut-être que ça ajoute à l'agressivité contre le bruit.»



3/ Les environnements sonores comme marqueur temporel

La description discursive des environnements sonores a finalement inscrit le bruit comme un marqueur temporel fort. Les participants ont notamment partagé l'attente forte de périodes de calme. À tel point que l'une des habitantes a rapporté un calendrier comme objet significatif de sa perception des environnements sonores de la ville.

«J’ai apporté ça du coup : j’ai pris ce que j’avais un peu sous la main, c’est le mois d’avril, c’est un calendrier, et j’ai mis en fluo le dimanche, parce que vraiment le dimanche c’est bien plus agréable, quand on ouvre une fenêtre le matin… donc là j’ai tous les dimanches du mois d’avril, et puis j’ai un jour férié, et les jours fériés c’est encore mieux que le dimanche.»


En conséquence, le bruit a été décrit par les participants comme une agression encore plus violente pendant les périodes considérées comme reposantes.

Comment la participation à l'expérimentation modifie la relation aux environnements sonores ?

Un autre point intéressant ressortant de la discussion est la modification des rapports à l'environnement sonore induite par l'expérimentation, qui peut se décliner en une augmentation de l'expertise technique et une plus grande sensibilité aux questions sociétales. L'utilisation de l'application smartphone les a d'abord amenés à écouter leur environnement sonore de manière plus consciente. L'écoute répétée d'environnements sonores les amène à faire la distinction entre le niveau sonore et la perception.

«... c'est quelque chose d'assez phénoménal, mais le fait d'enregistrer nous ouvre à tous les bruits qui nous entourent, ce qui fait que, sur le plan personnel, c'est plutôt agréable parce que ça renforce le sens de l'ouïe et de l'écoute»


Cette écoute consciente initiée par la prise de mesures les a également amenés à distinguer des lieux qui leur semblaient agréables d'un point de vue sonore, parce qu'ils étaient vivants et animés. D'autres lieux exposés à de faibles intensités sonores leur semblent désagréables, soit en raison de la permanence du bruit, soit en raison de l'intensité du bruit.
Pour certains participants qui avaient une perception négative des environnements sonores de leur ville, la prise de mesures a permis de prendre conscience de la complexité des environnements sonores et de la présence de sources sonores positives.

«Avec le projet j’ai commencé à voir les bruits positifs. Parce qu’avant j’avais un très grand focus sur les bruits négatifs. Comme cette appli a des petits boutons pour animaux, enfants, j’ai dit ok il y a des bruits positifs aussi.»


D'autre part, l'expérience a également renforcé les sentiments négatifs à l'égard de certaines sources sonores. C'est le cas notamment du trafic routier et de son bourdonnement présent sur l'ensemble du territoire. Pour ces habitants, la participation à l'expérimentation a donc été une source possible d'augmentation de la gêne.

«Depuis que j’ai la démarche en tête, j’écoute ! .. En fait, moi ça devient obsessionnel, j’entends le périph…»





Vers la formation d'un groupe de résidents habilités à discuter de l'amélioration de l'environnement sonore

Cette participation à un collectif favorise une certaine empathie entre les participants, leur permettant de relativiser leur cas personnel et d'avoir une vision plus globale de l'expérience du bruit dans leur ville. Ces derniers ont réussi, en tant que passants, à adopter le point de vue des habitants, voire à extrapoler ces expériences, afin d'élaborer un diagnostic collectif.
Les habitants qui ont participé au processus ont également fait preuve de lucidité quant aux mutations passées et actuelles de la ville ainsi qu'à leurs répercussions sur l'environnement sonore quotidien. Des changements ont été constatés en termes de nouvelles formes de mobilité.
Les habitants ont également décrit, à travers le discours sur les environnements sonores, une ville en mutation et le poids de l'urbanisation rapide sur les environnements sonores et la vie des habitants.

«A Ragon y a 15 ans moi je me souviens prendre des petits déjs dehors en semaine… et pas aujourd’hui hein !»


Le dernier point, qui concerne les enjeux locaux et les actions à mener, dresse le portrait de résidents sensibilisés aux questions de santé et aux pratiques qui conduisent à des environnements sonores de qualité.
Ces discussions ont également été l'occasion d'interpeller les élus présents sur certains éléments, comme les règles d'urbanisme, qui sont perçues comme une injustice face au bruit; ou de montrer des incohérences législatives dans leur vision de la gestion du bruit.

«Qui accepte qu’on puisse… qu’on construise à 20 mètres du périph ? Enfin quand même !»


Enfin, la lutte contre le bruit passe, selon les participants, par une prise de conscience collective et une modification des pratiques de mobilité.

«Pour moi, l'axe principal qui pourrait faire évoluer le son dans la ville, c'est vraiment de ne pas faire du 100% routier.»


D'autres paroles d'habitants



«On se demande pourquoi c’est interdit d’utiliser la tondeuse dans le jardin le dimanche, et pourquoi les avions peuvent voler. Ce n’est pas cohérent.»

«La plaque d’égout… les camions quand ils passent dessus, et puis comme elle est toujours en mauvais équilibre ça… "clong clong"»

«Moi des fois j’essaie de me dire "le bruit du périph, c’est les vagues…". J’essaie de me dire ça ! Ben non ça marche pas…»

«Quand je parle avec des collègues ils me demandent le problème pour toi c’est le CO2, la pollution ? Je réponds "non" c’est le bruit. C’est pas présent dans la société je trouve.»


«Ça c’était ma question aussi, quelle est la nocivité du bruit ? De ce bruit de fond permanent ou ce bruit instantané ?»

«Il y a des endroits paisibles au bord des rivières, de la Loire ou de la Sèvre, un vrai bonheur !»

«Pendant le confinement, le son des oiseaux, c’est vrai que c’était bien.»

«Lorsque les vents sont dominants, on entend le périph…»

«Le nombre de camion sur le périph c’est inimaginable.»

«Parce qu’entre 6h et 7h en gros c’est là que ça décolle le plus.»

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